Les Oracles Poïétiques
Catherine Gil Alcala

Installation avec des cartes originales recto-verso contenant des dessins et des poèmes originaux, et Performance dans laquelle j’enregistre le public lisant les poèmes au dos des cartes, afin de créer une bande sonore qui peut ensuite être écoutée librement dans l’exposition.

Des monstres chevelus remâchent des hymnes hagards,

mille ordures qui claquent des dents !

Une telle boit toute sa tune et se fait des bains de bouche au whisky…

Une secousse sismique retrousse la pelure des pommes de terre.

Végétal sur son siège au milieu du désordre symbiotique…

Un verre de lait dans sa chaussure,

un homme envoie des messages en morse

aux dormeurs dans les berceaux de pierre.

Sorte de marmotte empaillée dans le rêve qui s’emmêle,

une bête émotive pourlèche le miel de la lumière immortelle.

Les myriades des daïmons couverts de sang descendent d’Uranus,

en se battant à coups de lances.

Les innocents ahuris, tracent à la craie les trajectoires

des astres qui s’entrecroisent.

Le dessin prend feu et incendie les regards de pierre…

La dernière sibylle balance des mots moqueurs d’un sourire paradoxal et illuminé.

Vénus crache un aspic sur l’astre des géants.

Les huées jaillissent dans le vide à l’étreinte rouge des furies et des léopards.

Un sort noir parle dans l’excavation de l’opéra,

la partition taoïste, écrite sur des os,

pend du plafond au-dessus d’un combat de poulets javanais.

Milliard de la pluie dans les yeux du ciel,
trois araignées esquissent des pas de danse dans l’au-delà,
des ascètes déjeunent de quelques amandes,
une dame vient, elle est nue,
et un faune porte à la table une mandarine pourrie,
des fruits pelés,
un pied de persil,
et une éponge dégoulinant de sang.

Des vagissements vainqueurs résonnent dans la cage opalescente de la naissance,

le bœuf Apis tombe des nues,

vêtu des voiles de l’air.