La Foule Divinatoire des Rêves
Catherine Gil Alcala
Le temps du rêve n’existe pas comme le temps des horloges, un de mes souvenirs les plus anciens est un rêve archaïque de la toute petite enfance, j’avais peut-être quatre ans…
Les rêves ont toujours exercé sur moi une fascination, je suis persuadée de ne jamais pouvoir oublier certains rêves qui se sont gravés dans mon esprit comme se sont gravés ces mots d’Antonin Artaud : « Il y a magie de vivre ».
Toutes les sociétés ont puisé dans les ressources du rêve, le rêve abouche sur l’essence mystérieuse de l’esprit imprégné de pensée magique…
Manifestation de l’au-delà, prophéties, messages des esprits, les rêves ont toujours été sujet à interprétation bien avant l’invention de la psychanalyse… Éros et Thanatos sont devenus pulsion de vie et pulsion de mort… mais guérir par la formulation du message du rêve reste une forme de pensée magique…
Le rêve est notre nature intérieure qui fait écho à la nature du monde… il s’écrit tout seul comme une plante sauvage qui pousse toute seule dans la terre, il est tellurique et éthéré, il s’enracine dans le corps pulsionnel, s’envole tout à la fois pour parcourir le champ irrationnel de l’impossible…
L’art est une sorte de rêve éveillé, et l’art comme le rêve est souvent visionnaire…
Le rêve est aussi prémonitoire en cela qu’il est le début de l’acte de création… le rêve ouvre sur un autre rêve… encore plus fou… le poème est le rêve du rêve.
Le poème comme le rêve est un fragment numineux de magie, un miroir à mille facettes où chacun peut lire sa propre réalité…
Je pense que la manière d’être au monde du poète est animiste… il perçoit les vibrations de la vie… du rêve de la réalité… la dimension énigmatique du rêve est la source de l’inspiration… plutôt que chercher la réalité à travers l’interprétation, il crée la réalité de son rêve…
Nota bene : La mise en scène forcément surréaliste, prend la forme anachronique et fragmentaire des poèmes et des rêves qui renvoient au processus de transformation …